Luc Rémont est pressenti pour prendre la tête d’EDF. Et il n’est pas très optimiste sur la santé de l’énergéticien français. EDF traverse une « crise sérieuse » avec l’indisponibilité du parc nucléaire français, a-t-il jugé ce mercredi, appelant à un « effort collectif indispensable » de sobriété énergétique pour passer l’hiver.
Le contexte est « critique à court terme », a affirmé devant la commission des affaires économiques du Sénat l’actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric, que l’Elysée veut installer à la tête du géant fragilisé. Il doit succéder à Jean-Bernard Lévy, aux manettes depuis 2014, dont le départ anticipé a été annoncé dès cet été en même temps que la renationalisation d’EDF, qui dévoilera par ailleurs jeudi ses résultats trimestriels.
Remettre en route les réacteurs à l’arrêt
« L’énergie est devenue aujourd’hui une arme dont use la Russie pour affaiblir nos sociétés et diviser l’Union européenne », a averti Luc Rémont. « Dans ce contexte de crise énergétique, EDF traverse elle-même une crise sérieuse, d’ordre technique et industriel, qui accentue la tension sur l’offre d’énergie », a-t-il constaté.
La moitié du parc nucléaire français est indisponible actuellement en raison de maintenances programmées ou de problèmes de microfissures apparues l’hiver dernier. Tout l’enjeu sera de faire redémarrer suffisamment de réacteurs pour faire face aux pics de consommation. « Dès les premières heures de (s)on mandat », Luc Rémont prévoit de se consacrer « totalement » à « tenir les engagements de l’entreprise pour la reprise de la production des réacteurs à l’arrêt ».
« 50 % de sobriété n’est pas hors de portée »
Mais dans tous les cas, un « effort collectif est indispensable pour alléger la demande et diminuer les risques de délestage cet hiver et les suivants », a-t-il souligné. « 10 % à 15 % de sobriété est un objectif qui se fait sans douleur » et « 30 % à 50 % n’est pas hors de portée » avec « un effort notamment dans les domaines professionnels », a-t-il ajouté.
La situation financière d’EDF, dont la dette pourrait gonfler à 60 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année, demande, elle, de la « vigilance à court terme pour ne pas devoir réduire les investissements et compromettre l’avenir », a-t-il déclaré.
Un système à « bout de souffle »
Luc Rémont a estimé nécessaire une « visibilité à long terme » sur les mesures réglementaires destinées à limiter la hausse du prix de l’électricité pour les clients dont EDF supporte la majorité des coûts.
Il a demandé aussi une réforme « profonde » des règles du marché tant européen que national pour corriger des « défaillances mises en lumière par la crise actuelle ». L’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) est également « à bout de souffle » : « L’objectif, qui était de créer une concurrence réelle, n’est pas atteint », a tranché le dirigeant.